Le syndrome d’épuisement professionnel, ou burn-out, se traduit par « un épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel« . Il est malheureusement de plus en plus fréquent dans la profession d’avocats puisque 81% des avocats sont régulièrement épuisés, plus d’1 avocat sur 2 proche d’un burn-out et 54% des avocats sont en déficit de sommeil. En cause : la pression des délais, des horaires exigeants, un niveau de responsabilité élevé, la technicité des dossiers et la pression de la facturation. Tour d’horizon de ce qu’est et n’est pas le burn-out de l’avocat.

 

Burn-out chez l’avocat : c’est quoi ?

 

Le burn-out se caractérise par trois dimensions :

  • un épuisement émotionnel : la sensation d’être vidé
  • une perte d’empathie envers ses interlocuteurs : appelée aussi dépersonnalisation ou cynisme
  • et un sentiment de non accomplissement personnel.

 

    Autrement dit, l’avocat en burn-out cumule une fatigue émotionnelle totale, un agacement, un rejet voire un dégoût de ses clients, et le sentiment de ne pas ou plus s’accomplir personnellement dans son exercice professionnel.

     

    Les manifestions du syndrome d’épuisement professionnel chez l’avocat sont multiples :

    • manifestations émotionnelles : peur, sentiment de perte de contrôle, agitation nerveuse, tristesse, démotivation, irritabilité, sensibilité, ou absence d’émotion…
    • manifestations physiques : troubles du sommeil, fatigue chronique, tensions musculaires (en particulier dans le dos, les cervicales, les épaules), perte ou prise de poids, maux de tête, maux de ventre, vertiges…
    • manifestations cognitives : perte de concentration, difficulté à faire plusieurs choses en même temps, difficultés à prendre des décisions, à percevoir la nuance, oublis, erreurs…
    • manifestations comportementales ou interpersonnelles : repli sur soi, isolement, difficulté à gérer la frustration, agressivité, violence, perte d’empathie, hostilité envers l’entourage professionnel, comportements addictifs (tabac, alcool, tranquillisants, drogues…)…
    • manifestations motivationnelles ou liées à l’attitude : démotivation, perte de moral, non respect de ses valeurs professionnelles, doutes, impuissance, culpabilité, sentiment d’imposture, dévalorisation…

     

    Comment repérer l’épuisement professionnel de l’avocat ?

    Le questionnaire scientifiquement validé le plus utilisé aujourd’hui est celui mis au point par Maslach et Jackson en 1981 : le Maslach Burnout Inventory ou MBI.

    Il est constitué de 22 affirmations pour lequel l’avocat aura envie de répondre par oui ou non. A la place, la personne qui lui fait passer le test l’invitera à répondre par une fréquence (de « jamais » à « chaque jour »). Trois scores sont mis en évidence à la fin du test, permettant d’évaluer le degré des 3 dimensions du burn-out (détaillées plus haut), de faible à élevé.

    Les résultats peuvent être fournis à un médecin qui est le seul habilité à poser un diagnostic de burn-out et/ou de pathologies associées.

    femme avocate en burn out qui prend sa tête entre ses mains

    Quelles sont les causes du burn-out ?

    Les causes du syndrome d’épuisement professionnel chez l’avocat sont multiples et complexes. Le burn-out provient de la rencontre entre un avocat et un exercice dégradé de son métier :

    • facteurs de risques psychosociaux liés au travail : intensité, temps de travail, implication émotionnelle, manque d’autonomie, détérioration des relations et rapports sociaux, conflits de valeur, impossibilité de maintenir la qualité, insécurité…
    • caractéristiques liées à l’avocat : émotivité, vécu problématique des évènements, caractère consciencieux, importance primordiale du travail dans la vie, valeur travail forte, engagement fort au travail…

     

    Focus sur le traumatisme vicariant chez l’avocat

    Les avocats font partie des professionnels à haut risque de développer un traumatisme vicariant : il s’agit du traumatisme secondaire vécu par les personnes qui accompagnent de manière répétée ou émotionnellement intense des personnes traumatisées. Ce traumatisme vicariant a d’abord été observé chez les thérapeutes travaillant avec les survivants puis a été étendu à toutes celles et tous ceux qui aident des survivants ou des personnes traumatisées : les gens du clergé, les travailleurs sociaux, les professionnels du système judiciaire et les prestataires de soins.

     

    Comment prévenir l’épuisement professionnel chez l’avocat ?

    Deux manière d’agir pour prévenir le burn-out chez l’avocat : en agissant sur les facteurs de risques psychosociaux (RPS) et en dépistant collectivement et individuellement le burn-out chez les avocats.

     

    Agir sur les risques psychosociaux en cabinet d’avocats

     

    1. Informer et former les avocats pour détecter d’éventuels signaux parmi les membres de leur cabinet.

     

    2. Veiller à la charge de travail de chacun : respecter des temps de déconnexion, de repos et de congés ; planifier le travail à l’avance ; échanger sur les objectifs de chacun et les moyens à disposition ; prioriser ; adapter les horaires aux contraintes personnelles…

     

    3. Garantir un soutien social solide : prioriser la qualité des relations interpersonnelles au sein du cabinet, développer une culture de la solidarité et de la confiance, rendre les équipes compétentes et disponibles, mettre en place des processus de reconnaissance du travail accompli, organiser des espaces de discussion et de régulation pour les avocats

     

    4. Donner des marges de manœuvres : participer aux prises de décision, écouter et prendre en compte l’avis de chacun, communiquer régulièrement en interne…

     

    5. Discuter de qualité attendue : échanger régulièrement pour se mettre d’accord sur ce qui définit un travail de qualité (attendus, délais, travail collectif…)

    avocat en burn out qui se frotte le visage comme il n'en peut plus

     

    Dépister le burn-out en cabinet d’avocats

     

    1. Suivre des signaux collectifs : liés au fonctionnement du cabinet d’avocats (temps de travail, turnover…) et liés à la santé et sécurité des membres du cabinet d’avocats (accidents de travail, maladies professionnelles…).

     

    2. Suivre les signaux individuels : être attentif à l’autre, à son apparence ou son comportement (manque d’énergie, de concentration ou de disponibilité mentale, irritabilité, dénigrement du travail, dévalorisation, désengagement…).

     

    Vous voulez prévenir le burn-out, pour vous ou votre cabinet d’avocats ?

    ➡️ Offrez-vous du temps pour en parler.

     

     

    Sources :

    •  Le syndrome d’épuisement professionnel ou burn-out mieux comprendre pour mieux agir, INRS 2025
    • Santé des avocats et avocates du Barreau de Paris, Toluna Harris, 2025
    • Burn-out des avocats, Pamplemousse Magazine et Dalloz, 2023
    • Traumatisme vicariant : Mc Cann et Pearlman 1990 ; Saakvitne et al., 2000 ; Day et al., 2006 ; Price et al., 2007 ; Levin et Greisberg, 2003 (chez les avocats) ; Peters 2007 ; Madrid et Schacher, 2006 ; Shah, 2010. Dans Pratique de la psychothérapie EMDR, Gabrielle Bouvier, Hélène Dellucci, 2017